Guenhwyvar Page 1/10


Josidiah Starym déambulait mélancoliquement à travers les rues de Cormanthor. L'elfe habituellement austère et sombre était d'humeur un peu frivole en ce jour, le beau temps et les récents événements survenus dans la cité enchantée n'y étaient pas étrangers. Josidiah était un chantelameur, un métier alliant la compétence d'escrimeur et la capacité d'utiliser la magie, ce qui en faisait un gardien des traditions elfiques et un protecteur pour les gens de sa race. à Cormanthor, en cette année 253, plusieurs elfes avaient justement besoin de la protection qu'il pouvait leur apporter. Les goblins pullulaient, et pire, une grande agitation secouait la cité, des conflits entre familles nobles, incluant les Starym, menaèaient de détruire tout ce que Coronal Eltargrim avait réuni, et même tout ce que les elfes avaient construit à Cormanthor, la plus grande cité du monde.

Cependant cette journée là lui paraissait sans problème, surtout avec ce soleil printanier et cette douce brise soufflant du nord. Mais sa bonne humeur lui venait surtout du fait que les parents de Josidiah avait promis au chantelameur de l'emmener avec eux à la cour d'Eltargrim pour tenter de régler une partie de leurs différends.

Josidiah priait pour que la cour elfique redevienne unie comme autrefois, même si plus que tout autre dans la cité, il était celui qui avait le plus à y perdre. Il était chantelameur, l'incarnation de tout ce que cela représentait d'être un elfe, bien qu'en cette époque trouble, la définition n'en soit plus très claire. C'était un âge de changement, de puissantes magies et de grandes décisions. C'était un âge où les humains, les gnomes, les petites-gens et même les nains barbus osaient s'aventurer sur les routes sinueuses de Cormanthor, par-delà les gracieuses structures en pointe d'aiguille des elfes. Au cours des cent cinquante années de l'existence de Josidiah, les préceptes elfiques étaient apparus équitablement définis et immuables; mais maintenant, à cause du sage et gentilhomme Coronal Eltargrim, il y avait de nombreuses disputes concernant ce que cela voulait maintenant dire d'être un elfe, et, plus important encore, quelles relations les elfes devaient entretenir avec les autres races vouées au bien.

"Joyeuse matinée, Josidiah," lanèa la voix d'une elfe qui n'était nulle autre que la jeune et ravissante nièce d'Eltargrim. La jeune fille se tenait sur un balcon dominant un grand jardin par delà l'avenue, dans le jardin les bourgeons n'étaient pas encore en fleurs.

Josidiah s'arrêta à mi-enjambée, bondit dans les airs en faisant un tour complet sur lui-même avant d'atterrir parfaitement agenouillé, ses longs cheveux d'or flottait sur son visage révélant la lueur brillant dans ses yeux bleus. "Je vous souhaite le plus joyeux des matins, bonne Félicité," répondit le chantelameur. "Comme je voudrais avoir des fleurs pour rendre hommage à votre beauté plutôt que ces lames faites pour guerre."

"Des lames aussi belles que toutes les fleurs que j'ai vues," répondit Félicité sur un ton railleur, "surtout lorsqu'elles sont maniées à l'aube par Josidiah Starym, au sommet du Rocher de Berenguil."

Une bouffée de chaleur monta au visage du chantelameur. Il se doutait bien que quelqu'un l'avait épié au moment de son rituel matinal, une danse avec ses magnifiques épées, exécutée dans une totale nudité, maintenant il en avait la confirmation. "Peut-être Félicité devrait-elle se joindre à moi à l'aube demain," répondit-il retrouvant son souffle et sa dignité, "je pourrais la distraire de faèon plus adéquate."

La jeune femme rit de bon coeur et retourna à l'intérieur de la maison, pendant que Josidiah se secoua la tête et passa son chemin. Un moment ses pensées s'attardèrent sur la faèon dont il aurait pu "distraire" correctement l'espiègle jeune femme, cependant il craignait que s'attarder au charme et à la beauté de Félicité ne l'incite à s'engager dans une relation durable avec elle, une chose que Josidiah ne pouvait pas se permettre, du moins pas maintenant, pas après la proclamation d'Eltargrim et les changements drastiques qui étaient survenus.

Le chantelameur rejeta toutes ces pensées loin de lui, c'était une trop belle journée pour la gâcher avec de sombres pensées, tandis que continuer de penser à Fecicité ne l'aurait trop distrait pour la réunion qui aurait lieu bientôt. Josidiah emprunta la porte ouest de Cormanthor, les gardes de service se contentèrent de le saluer poliment alors qu'il sortait de la cité. Josidiah aimait bien cette cité, mais il aimait encore davantage les terres qui se trouvaient juste à l'extérieur. Là dehors, il se sentait vraiment libre de tous soucis, loin de toutes ces querelles insignifiantes ses sens étaient en alerte et la pensé qu'en ce moment un goblin pourrait être en train de l'observer, son épieu prêt à l'empaler, cela aiguisait l'instinct de survie du redoutable elfe.

à l'extérieur de la cité habitait aussi un ami humain, un rôdeur devenu magicien portant le nom de Anders Beltgarden, dont Josidiah avait fait la connaissance il y avait près de quatre décennies. Anders ne s'aventurait jamais dans la cité de Cormanthor, malgré la proclamation d'Eltargrim d'ouvrir les portes de la cité aux non-elfes. Son ami demeurait très loin des routes normalement empruntées par les voyageurs, il s'agissait d'une tour surbaissé d'excellente construction, gardé par des runes magiques et autres tromperies de son propre cru, même la forêt environnante était remplie de sortilèges d'illusions provoquant la désorientation et la confusion. L'existence de la Tour Beltgarden était si secrète que seuls quelques elfes de Cormanthor en connaissait l'existence, plus rares encore était ceux qui l'avait déjà vu. Et parmis tous ceux là, seul Josidiah parvenait à trouver le chemin pour s'y rendre sans l'aide d'Anders.

Sur ce dernier point, Josidiah ne se faisait guère d'illusion, si Anders avait voulu l'empêcher de trouver le sentier menant à sa tour, le vieux mage prudent n'aurait eu aucune difficulté à y parvenir. Toutefois, en cette merveilleuse journée, il semblait à Josidiah que les sentiers sinueux menant à la Tour Beltgarden était inhabituellement plus facile à suivre, et lorsque l'elfe arriva à la demeure du mage il trouva la porte déverrouillée.

- "Andres," cria l'elfe en scrutant du regard le sombre couloir derrière le portail d'entré, d'où provenait comme à l'habitude l'odeur d'une douzaine de chandelles que l'on venait d'éteindre. "Vieux fou, où es-tu?".

Un rugissement sauvage mit le chantelameur sur ses gardes, d'un geste plus vif que l'oeil l'elfe se retrouva avec ses épées dans les mains.

- "Andres?" cria-t-il encore. Sans bruits il s'engouffra dans le corridor avec une démarche agile et parfaitement balancée, ses souples bottes d'elfes effleurant à peine le sol de pierres aussi silencieusement qu'un félin s'approchant d'une proie. Le rugissement se fit encore entendre, révélant à Josidiah la nature de son adversaire potentiel, un félin en chasse. Un très gros félin en jugea le chantelameur par le profond rugissement résonnant sur la pierre du couloir.

Poursuivant son chemin dans le couloir, il traversa l'endroit où se trouvaient les premières portes de chaque cotés du hall d'entré et dépassa l'endroit où se trouvait la seconde porte sur à sa gauche. Enfin, la troisième d'où provenait le son des rugissements qu'il avait entendu. Cela rassura un peu le chantelameur et lui donna l'espoir que la situation pouvait être sous contrôle, cette porte permettait d'accéder au laboratoire d'alchimie d'Anders, un endroit habituellement bien gardé par le vieux magicien.

Josidiah jura contre lui-même pour ne pas s'être magiquement mieux préparé. Il n'avait étudié que quelques sortilèges, trouvant la journée trop belle pour la gaspiller en la passant la tête plongée dans un grimoire de magie.

Si seulement il avait mémorisé un sort qui lui aurait permis d'entrer plus rapidement dans la pièce, comme celui de portail magique, ou encore un sort lui permettant de voir dans la salle à travers le mûr de pierre. Mais non! Au moins il avait ses épées, et avec elles en mains, Josidiah Starym était loin d'être sans défense. S'adossant au mûr face à la porte, il prit une grande inspiration, puis sans attendre davantage, le vieux Anders pouvait être dans de sérieux problèmes, le chantelameur bondit et enfonèa la porte.

suite Un gros Merci a Serge.
Le 12 juillet l999

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dernière mise à jour le 22-05-2006 à 05:44:05