Poésie*2*

ICI-BAS

Ici-bas tous les lilas meurent,
Tous les chants des oiseaux sont court ;
Je rêve aux étés qui demeurent
Toujours....

Ici-bas les lèvres effleurent
Sans rien laisser de leur velours ;
Je rêve aux baisers qui demeurent
Toujours...

Ici-bas tous les hommes pleurent
Leurs amitiés ou leur amours ;
Je rêve aux couples qui demeurent
Toujours...
(ARMAND SULLY PRUDHOMME)

QUATRAINS
Coeur dur comme une tour,
O coeur de pierre,
Donjon de jour en jour
Vêtu de lierre.

De tous liens lié
À cette terre,
O coeur humilié,
Coeur solitaire.

Coeur qui as tant crevé
De pleurs secrets,
Buveur inabreuvé,
Cendre et regrets.

Coeur tant de fois baigné
Dans la lumière,
Et tant de fois noyé
Source première.

O coeur laissé pour mort
Dans le fossé,
Coeur tu battais encore,
O trépassé.

Coeur qui as tant battu
D’amour, d’espoir,
O coeur trouveras-tu
La paix du soir...

Coeur dévoré d’amour,
Te tairas-tu,
O coeur de jour en jour
Inentendu...

Coeur plein d’un seul amour,
Désaccordé,
O coeur de jour en jour
Plus hasardé...

Tu avais tout pourvu,
O confident,
Tu avais tout prévu,
O provident.

Tu avais tout pourvu,
Fors une fièvre,
Tu avais tout prévu
Fors que deux lèvres...

Tu avais tout pourvu,
Fors une flamme,
Tu avais tout prévu,
Fors une autre âme.

Tu avais fait ton compte,
O Prévoyant,
Tu n’avais oublié
Qu’un coeur battant...
(CHARLES PÉGUY)

NE QUITTE PAS MON DÉSIR

Que je crains, mon amour, la frauduleuse nuit
Où les feuillages vont bouger comme une peine
Qui saurait mendier ta pitié pour appui !
Ne t’en va pas, attends qu’une heure plus sereine
De son aube d’oiseaux accompagne tes pas.
Attends l’abeille dont le désir volontaire
Trouble les fleurs où son plaisir s’assouvira,
Quand avec l’horizon l’épaule de la terre
Étaye le fardeau d’un ciel mûr de soleil.
Ne t’en va pas déjà, ne quitte pas mon rêve
Et mon coeur plein de toi, qui n’ont pas de sommeil.
Ma tendresse, ainsi qu’un flot d’azur, se soulève :
Non, tu n’as pas encor tout pris de mon regard.
Écoute mon bonheur te parler à voix basse.
Avec des mots pressés, si follement épars
Que tu croiras peut-être a des ailes qui passent.
Je te dirai : « Le jour qui te sembla défunt
Se cache dans ma joie, et ma chair te dévoile
Un buisson de désirs dansants comme un parfum
Sur qui s’est abattu le songe d’une étoile. »
Je dirai : « Mon amour, tremblez et souriez
De voir sourdre des pleurs de mon âme ravie,
Et soyez plein d’orgeuil d’un coeur supplicié
Qui hors de vous ne sait plus bien ce qu’est la Vie !
Vous êtes ma douceur, ma folie et mon chant ;
Bientôt j’étoufferai cette peine caduque
Dont vos yeux ont parfois le souvenir mordant. »
Puis je refermerai mes deux bras sur ta nuque,
Si passionnément qu’alors tu comprendras
Le déchirant appel de mon être qui t’aime,
Et le rêve infini du triste et doux poème
De mon coeur, qui soudain à tes pieds croulera !
(MEDJÉ VÉZINA)

VISION

Quand le soleil et l’horizon
S’enfuiront...quand de la maison
Sortiront l’heure et la saison ;

Quand la fenêtre sur la cour
S’éteindra...quand après le jour
S’étiendra la lampe à son tour ;

Quand sans pouvoir la rallumer
Tous ceux que j’avais pour m’aimer
Laisseront la nuit m’enfermer ;

Quand leurs voix, murmure indistinct,
M’abandonnant à mon destin,
S’évanouiront dans le lointain ;

Quand cherchant en vain mon salut
Dans un son je n’entendrai plus
Qu’au loin un silence confus ;

Quand le froid entre mes draps chauds
Se glissera jusqu’à mes os
Et saisira mes pieds déchaux ;

Quand mon souffle contre un poids sourd
Se débattra...restera court
Sans pouvoir soulever l’air lourd ;

Quand la Mort comme un assassin
Qui précipite son dessein
S’agenouillera sur son sein ;

Quand ses doigts presseront mon cou,
Quand de mon corps mon esprit fou
Jaillira sans savoir jusqu’où...

Alors, pour traverser la nuit, comme une femme
Emporte son enfant endormie, ô mon Dieu,
Tu me prendra, tu m’emporteras au milieu
Du ciel splendide en ta demeure où peu à peu
Le matin éternel réveillera mon âme.
(MARIE NOËL)

JE VOUDRAIS...

Je voudrais la constance d'un ami
pour lui confier mes doutes
la tendresse d'un amant
pour me perdre au labyrinthe de son amour
Je voudrais l'éclair fulgurant
d'un coup de foudre
pour éclairer mes rêves
Je voudrais donner la lumière à un enfant
voir naître ses sourires
lui faire découvrir la beauté de la vie
sous l'aile de mon amour
Je voudrais la chaleur d'une famille
des bouquets d'étincelles de rires,
des coffres aux trésors remplis de colliers de tendresses
des cotillons, des chandelles, des prétextes à la fête
Je voudrais que l'espoir se pose
au coeur de tous les vieillards
laissés à eux-mêmes
dans des refuges mouroirs
Je voudrais croiser le bonheur
Qui se rit de moi et du temps
Et qui n'a que faire
de mon impatience
Je voudrais un azur sans bombes
un horizon sans souffrances
Je voudrais un monde rassasié
un monde apaisé
Je voudrais voir les lettres du mot solidaire
Placardées sur tous les murs
Je voudrais qu'une lourde chaîne d'amour
Emprisonne la terre entière
Je voudrais que la misère soit déclarée hors la loi
Je voudrais plein de rêves d'enfants
Portés par des ailes d'oiseaux aux quatre points cardinaux
Je voudrais voir respirer la liberté
altière, victorieuse marcher en tête

Je voudrais un jour,
aujourd'hui ou sinon demain,
Je voudrais pour ceux qui me suivront
Je voudrais pour l'avenir
Mais j'ai peur de vouloir pour rien.

mailto

(MARYBÉ DEC.1996)


Son recueil de poèmes

RAPPELLE-TOI

Rappelle-toi, quand sous la froide terre
Mon coeur brisé pour toujours dormira;
Rappelle-toi, quand la fleur solitaire
Sur mon tombeau doucement s'ouvrira.
Je ne te verrai plus; mais mon âme immortelle
Reviendra près de toi comme une soeur fidèle
Ecoute dans la nuit,
Une voix qui gémit :
Rappelle-toi ...
DE MUSET

L’ENNEMI

Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
Traversé çà et là par de brillants soleils ;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.

Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?

- Ô douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie,
Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le coeur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !
(BAUDELAIR)


Mon courage naquit de l’effroi d’un malheur,
D’un malheur à venir plus grand
Que celui du moment.
Je ne sais sur quoi m’appuyer,
Je vis de mouvement et de rêve de bonheur
Alors que le bonheur, m’arrêtant, me tuerait.
Aucun jour ne ressemble au jour qui le précède,
Incessamment la voix des âges se transforme.
Je passe au milieu de mes frères,
Je les vois se rosir de la flamme première,
Puis se plisser, pareils à des outres vidées,
Et, quelque matin, disparaître.
Magiquement croît la forêt
Où jadis l’herbe s’étalait.
La vie aux formes innombrables
S’impose à mes regards, me commande, m’étreint
Sans dévoiler ses fins.
Et, face à l’étendue, ballant, désemparé,
Perdu sur cette terre absurde
où nul ne pénètre les autres,
Où nul ne se connaît lui-même.
Où nul ne comprend rien,
Je cris mon impuissance aux formidables forces
De la matière en marche, éternelle, infinie.
(ALPHONSE BEAUREGARD)


Sonnez sonnez haut et fort les cors.
Car le plus gros combat vient d’éclater en mon for(t).
Un combat peu particulier, puisque l’assaillant est
l’amour que je ressens et l’opposé j’ai nommé toi l’amitié.
Le plus beau serai de voir les deux s’alliés,
le plus terrible serai de les voir s’entre-tués.
Par amour, forfait j’ai déclaré.
Car ton amitié est pour l’éternité.

Roulez roulez les tambours.
Car le plus douloureux combat vient d’éclater en mon for(t).
Un autre combat difficile à mener.
Puisque l’assaillant est l’amour que je ressens.
Et l’opposés mon coeur, mon être et mon âme déchirée.
C’est avec un coeur blessé que j’entreprends cette dualité.
Le temps et ton amitié baumeront-ils mon âme blessée?
Sonnez les cors, roulez les tambours,
pour que cette douleur ne soit point pour toujours.
(RAYO)

SI SEULEMENT...

Nul n’aurait douté que d’un tel être j’éprouverais.
Où que tu sois, dans tes yeux je me retrouverais.

Insoutenable, misérable, dur attente.
Toutefois elle est source de mon inspiration.
Douce, sublime, passionnante, enflammante.
Sera certes celui de la concrétisation.

De tes secrets laisser mon ouïe se faire caresser.
Et laisser les flammes de tes mains me réchauffer.
Laisser cette étourdissante passion m’emporter.
Ensemble vaguer sur des eaux chaudes et profondes.

L’écorce sera le témoin immortalisant.
La bleuté du ciel réfléchira notre harmonie.
Vent, élève tu seras, de la caresse des amants.
Et ce chant des oiseaux, merveilleuse symphonie.

Te faire visiter les recoins de mes pensées.
Depuis tant d’années je te les avais réservés.
Te transporté dans une convulsion de passions.
Une passion débordante d’imagination.

Tu es très beau mais pourtant tu n’as point de visage.
Et tu es d’une grandeur que je ne peux déterminer.
De bonté, douceur et de chaleur tu es paré.
De toi,à tout jamais je garde une si belle image

Mais ton existence n’est-il que dans mes songes?
Douceur de la nuit berce moi encore... te voilà!

Si seulement...
(RAYO...Academie des poètes.)

POUR KELLY

Lorsque vient le temps de se coucher,
Lorsque vient le temps de s’endormir,
Je reste là, tout seul étendu, allongé,
J’imagine ton doux et tendre sourire ...

Je ne peux m’empêcher de t’embrasser,
Je ne peux m’empêcher de t’imaginer,
Je reste là, tout seul étendu, allongé,
Peut être un peu désespéré ...

Alors que la lune a remplacé le soleil,
Tu respires à mes cotés, Merveille,
Et je reste là, tout seul étendu, allongé,
A peut être trop t’espérer ...

Et puis le jour remplace la nuit,
Et reviennent toutes mes envies,
Je reste là, tout seul étendu, allongé,
Je ne sais plus trop quoi penser ...

Voici l’histoire d’une vie, achevée,
Et de ma tombe six pieds sous terre,
Je reste là, tout seul étendu, allongé,
Sorte de rêve solitaire ...
OLIVIER

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