Terre Natale


Station : dans l’univers des Drows, il n’est rien de plus important. C’est le leit-motif de leur… de notre religion, l’appel qui fait vibrer ces cœurs affamés de haine.
Chez nous l’ambition piétine le bon sens et la compassion, tout cela au nom de Lloth, la Reine Araignée.
La promotion sociale, dans la société drow, est une affaire de meurtre. La Reine Araignée est la déesse du chaos; elle et sa grande prêtresse, véritable maitresse du monde drow, appréciant les ambitieux qui savent manier les dagues empoisonnées.
Bien entendu, il y a des règles de conduite - tout société se doit d’en avoir. Le meurtre et la sédition systématiques ont besoin d’un semblant de justice; les chatiments appliqués au nom de la loi drow sont effroyables. Mais planter un coutelas dans le dos d’un allié durant une bataille, ou dans les ombres paisible d’une allée, est tout à fait accepté - voir admiré. Les enquêtes ne sont pas le point fort de la justice drow. Personne n’ira vérifier les faits.
La station est l’enseignement de Lloth, l’arme qu’elle utilise pour renforcer le règne du chaos et garder ses « enfants + dans leur prison. Enfants? Plus exactement, des pions, marionnettes de la Reine Araignée, poupées de chiffon frémissant sur les fils de sa toile.
Car tous chassent ou tombent sous les coups des chasseurs pour son plaisir.La station est un paradoxe de mon peuple, la limite de sa soif de pouvoir. Le plus puissant citoyens de Menzoberranzan passent leur vie a regarder par-dessus leur épaule et à protèger leur dos des coups de poignard.Quand elle les surprend, la mort frappe de face.
Drizzt Do'Urden.



Maitre d’armes :
Des heures vides, des journées vides.
Il me reste peu de souvenir des seizes premieres années de mon existence, où je peinais comme serviteur. Une longue suite stérile d’instants placés les uns après les autres. Quand je parvenais à gagner en secret le balcon de la Maison Do’Urden, les lueurs magiques de Narbondel, le pilier-horloge, m’émerveillaient. Lorsque je me souviens des heures passées à contempler ces feux, je suis stupéfait de l’inanité de mes premiers jours.
Je me rappelle avec enteté la sensation enivrante éprouvée chaque fois que je m’aventurais hors de la maison pour me gorger de cette splendide vision, une petite chose tellement satisfaisante en regard du reste de mon existence.
Chaque fois que j’entends claquer un fouet-c’est plus une mémoire sensorielle qu’un véritable souvenir - d’autres sensations courent le long de mon échine. Le coup cinglant, puis la douleur lancinante ne sont pas des choses qui s’oublient de sitôt. Les muscles se tétanisent au delà du supportable.J’ai pourtant eu plus de chance que les autres. Ma sœur Vierna était près de devenir grande prêtresse quand lui incomba la tâche de m’élever. A cette période de sa vie, elle avait de l’énergie a revendre, sans doute plus qu’il n’en fallait pour une tâche somme toute facile. Cependant, elle ne montra jamais l’intense méchanceté de notre mère, et sourtout de notre sœur aînée, Briza. Il y eut peut-être de bons moments dans la solitude de la chapelle; il m’arive parfois de penser qu’elle m’aimait un peu.
Est-ce un vœu pieux ?
Même si Vierna est la plus douce de mes sœurs, le venin de Lloth courait dans ses veines. Elle n’aurait pas mis en danger ses ambitions pour protéger un mâle.
Allons, mes dix premieres années ont peut-être été plus douloureuses que les suivantes, ce qui expliquerait pourquoi je refuse de m’en souvenir! Comment savoir ? Malgré mes efforts, je n’en revois rien.Quand aux six suivantes, où je servais à la cour de Matrone Malice, elles m’ont surtout laissé des souvenir de mes pieds et du sol.Car un page n’a jamais le droit de relever la tête.
Drizzt Do'Urden.



L’Académie.
Dispensatrice de tous les mensonges qui cimentent la société drow. Ces tromperies sont tellement ressassées qu’elles finissent contre toute raison par avoir des accents de vérité. A Menzoberranzen, les sermons sur la justice sont si manifestement contredits par la vie quotidienne qu’il est difficile de comprendre comment les jeunes peuvent y croire.
C’est pourtant ce qu’ils font.
Même à présent, si longtemps après, la simple idée de ce lieu m’effraie. Non pour les souffrances subies ou la peur constante de la mort : j’ai arpenté plus tard des routes aussi dangereuses. L’académie est Menzoberranzen m’effraie quand je songe aux survivants - les diplômés - lancé sur le monde comme une horde de prédateurs.
Leur crédo ? Tout est excusable du moment qu’on ne se fait pas prendre; tout ce qui importe dans la vie est de satisfaire ses appétits; seuls les plus forts et les plus rusés sont habilités à jouir du pouvoir arraché aux mains qui ne le méritent plus. La compassion n’a aucun droit de cité à Menzoberranzan; C’est pourtant la compassion, et non la force, qui offre l’harmonie à la plupart des peuples. Et c’est l’harmonie qui précède la grandeur.
Les faux-semblants noient le Drow sous la peur et la défiance. L’amitié n'est plus rien, et l’amour oublie jusqu’à son nom. La haine et l’ambition sonnent le glas de mon peuple; mes frères prennent pour de la force ce qui n’est que faiblesse. De là l’existence paranoide que les Drows appellent « Se tenir prêt +.
J’ignore comment j’ai survécu à l’Académie; comment j’ai déjoué les duperies et renforcé les idéaux que je chéris par dessus tout.
C’est sans doute grace à Zaknafein, mon professeur. L’expérience qui lui a tant couté et qui a aigri son cœur, il me l’a transmise. Mes oreilles ont entendu les cris.
Les cris des victimes innocentes.
Les cris des cœurs purs livrés à l’injustice
Les cris des enfants assassinés...
Drizzt Do'Urden.



Zaknafein :
Zaknafein Do’Urden; mentor, professeur, ami.
Moi, livré aux souffrances de mes frustrations….
Plus d’une fois j’ai nié tout cela. Ai-je trop demandé à Zak? Ai-je attendu la perfection chez un esprit tourmenté ? L’ai-je jugé selon des critères trop élevés au vu de son expérience ?
J’aurais pu devenir comme lui, victime de la même rage impuissante, enseveli sous la malfaisance qui a fait de Menzoberranzan ce qu’elle est devenue.Il semble logique que les erreurs de nos aînés soient pleines d’enseignement. C’est ce qui m’a sauvé, je pense. Sans l’exemple de Zaknafein, je n’aurais trouvé aucune solution.
Mon choix est-il meilleur que le sien ? Je crois, oui, même si trop souvent le désespoir me fait désirer la solution qu’il adopta. C’eût été plus facile. Mais la vérité ne souffre pas de compromis et les principes sont hypocrites si l’idéaliste est incapable de vivre selon ses propres valeurs.
Ma solution est donc meilleure.
Je me lamente pour mon peuple, pour moi et pour le maitre à jamais perdu qui me montra comment – et pourquoi – recourir aux armes.
Il n’existe pas de douleur pire que celle-ci; ni la coupure d’une dague ébréchée, ni le souffle enflammé d’un dragon. Rien ne brûle davantage le cœur que ce néant :avoir perdu quelqu’un avant d’avoir apprécié sa valeur. Souvent maintenant, je lève mon verre pour un toast porté à des oreilles qui ne peuvent plus m’entendre : A Zak, celui qui m’a insufflé le courage.
Drizzt Do'Urden.

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dernière mise à jour le 22-05-2006 à 05:44:53